Obésité : pourquoi les femmes prennent-elles plus de poids que les hommes ?| Définitions et causes
- Eunice KM Nutrition
- 5 mars
- 8 min de lecture
Les femmes ont naturellement plus de masse graisseuse que les hommes. Cette disposition naturelle ne suffit pas pour autant à expliquer pourquoi les femmes sont plus touchées par l’obésité que les hommes. Quelles sont donc les causes majeures de l’obésité féminine ?

Quelles sont les principales causes de l’obésité chez les femmes ?
Sommaire :
Introduction
En 2022, On estime à 44% le pourcentage de femmes en situation d’obésité dans le monde. À l’échelle mondiale, il est observé que la prédominance de l'obésité tend à être légèrement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. À l’échelle africaine en revanche, l’écart est encore plus important. Selon une étude menée à Lomé au Togo entre 2005 et 2006, les femmes touchées par l’obésité représenteraient un pourcentage de 79,49%, tandis qu’on observerait une prévalence de 20,51% chez les hommes. C’est un fait, les femmes sont plus sujettes à la prise de poids que les hommes. Parfois dans notre travail, en tant que diététiciens nutritionnistes, nous sommes amenés à comprendre les facteurs psychologiques ou sociétaux dans lesquels les patients sont immergés pour les accompagner plus efficacement dans le processus de perte de poids. Pourquoi les hommes et les femmes sont-ils inégaux devant la prise de poids? C’est ce que nous allons décrypter tout au long de ce dossier spécial.
Définitions : qu’est-ce que le surpoids et l’obésité ?
Le surpoids est une accumulation anormale de graisses dans le corps. L’obésité quant à elle, est une maladie chronique complexe qui se caractérise par un amas excessif de tissus adipeux. Ces dépôts de graisse peuvent nuire à la santé en provoquant des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2 ou un taux de cholestérol élevé. Pour en venir à bout, un traitement médicalisé est le plus souvent préconisé ainsi que la prise des compléments alimentaires pour perdre du poids.
De manière connue, la prise de poids est due à un déséquilibre entre les apports nutritionnels et les dépenses énergétiques. En d’autres termes si on mange plus qu’on ne bouge les graisses se forment. Ce déséquilibre très fréquent, est à l’origine de la prise de poids.
En revanche, Il n’est pas toujours question de nourriture. L’obésité s’explique des fois par des dysfonctionnements hormonaux tels que ceux liés à l’hyperthyroïdie ou au syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), entre autres.
Disclaimer :
Bien que je remette en cause sa fiabilité et ne l’utilise pas comme indicateur de surpoids/obésité lors de mes consultations, l’IMC est à ce jour, le seul outil de calcul de poids recommandé par l’OMS depuis des décennies. Les chiffres et statistiques disponibles et que je partagerai avec vous ici sont donc basés sur cet outil. Son efficacité et son efficience sont pourtant remises en question par plusieurs collègues. En effet, à la suite d’une étude réalisée en 2016, plus de la moitié des personnes déclarées en surpoids présentaient des résultats médicaux normaux. Peut-on se fier uniquement aux chiffres sommaires pour définir des cas de surpoids ?
L’IMC plutôt basique, ne permet pas d’évaluer l’état de santé des patients avec précision. Il ne définit pas dans un poids global, quels sont les pourcentages de la masse graisseuse, musculaire et osseuse.
Comment déterminer son indice de masse corporelle ?
Le diagnostic de surpoids et d’obésité se pose en mesurant le poids et la taille d’une personne et en calculant l’indice de masse corporelle (IMC). On divise le poids par la taille au carré : rapport poids (kg) ÷ taille (m²).
Selon l’OMS on parle de surpoids lorsque l’IMC est égal ou supérieur à 25 (jusqu’à 29,9 kg/m) ; et d’obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30. Il existe 04 types d’obésité :
· Obésité modérée, IMC = 30 à 34,9 kg/m²
· Obésité sévère, IMC= 35-39,9 kg/m²
· Obésité morbide, IMC= 40-50kg/m²
· Obésité massive, IMC ˃ 50kg/m²
Les adipocytes, responsables de l’obésité ?
Les adipocytes sont des cellules graisseuses qui se déterminent à des moments précis de notre vie : l’enfance, l’adolescence, et la grossesse chez les femmes. Pendant ces périodes, le corps fabrique les adipocytes qu’il gardera toute la vie. Ces cellules graisseuses, comme de petits sacs vont donc se remplir et se désemplir de manière répétée. Par exemple, une personne ayant pris du poids à ces périodes critiques, a produit un grand nombre de cellules graisseuses et a de grandes chances d’être obèse en raison de pertes et de gain de poids fréquents.
Le tissu adipeux constitué des adipocytes représente en moyenne 16 % du poids du corps chez l’homme et 32% chez La femme. Les femmes ont donc plus de masse graisseuse que les hommes. Cette prédisposition naturelle s’explique entre autres par le fait qu’elle doive faire des réserves qui seront nécessaires au bon déroulement des futures grossesses et lui permettront, en cas de privations dues à la famine de continuer à alimenter le fœtus.
Bon à savoir :
Les adipocytes sont des cellules normales et n’ont aucune cause directe sur le surpoids et l’obésité comme on le laisse souvent entendre.
De manière indirecte, ce qui est souvent mis en cause ici, ce sont les conséquences des régimes hyper restrictifs. Ainsi, quand on recommence à manger normalement après un régime austère, le corps ayant subi de grandes privations, va se refaire une réserve trop rapide de graisses. Or, ayant déjà rempli les adipocytes présents, il va en fabriquer de nouveaux pour stocker encore plus de gras. Un adipocyte créé ne disparaît pas une fois vidé. En revanche, une fois qu’il existe, il « aspire » à être rempli. La prise de poids s’en trouve donc facilitée.
L’obésité due aux multiples maternités
Les grossesses transforment également le corps des femmes. L’évolution du bébé entraîne une prise de poids progressive pendant la grossesse. Ce gain de poids est normal et correspond :
aux réserves maternelles de graisse ;
au poids du bébé ;
au poids de l’utérus, du placenta et du liquide amniotique ;
à l’augmentation du volume sanguin ;
et à la rétention d’eau responsable des jambes lourdes.
Pendant la grossesse, les femmes accumulent des réserves de graisses vitales au niveau du ventre, du dos et des cuisses. Néanmoins, toutes les femmes étant différentes, la prise de poids peut varier d’une femme à une autre. Il est très important de surveiller le gain de poids. Il ne doit ni être excessif, ni insuffisant. L’alimentation doit être équilibrée et suivie de près pour apporter à la maman et au bébé tous les nutriments utiles pour une grossesse sereine.
Le patrimoine génétique et l’éducation alimentaire
Ces deux causes de l’obésité et du surpoids sont relativement liés. Les enfants de parents obèses ont un risque plus important de faire de l’embonpoint ou de devenir obèses. C’est une forme de legs génétique. Un enfant ayant un de ses deux parents obèse, a 50% de chance d’être obèse. Ce chiffre monte à 80% lorsqu’il a ses deux parents obèses.
Il en découle également, la problématique de la transmission de bonnes habitudes alimentaires. Lorsque des parents savent se nourrir, ils apprennent naturellement à leurs enfants les bases d’une alimentation saine et équilibrée et par conséquent, les bienfaits de l’exercice physique. Dans un processus sain, qui leur permet de se développer, la famille est le premier cercle d’influence des enfants. Ils seront imprégnés très tôt de vos penchants alimentaires, bons ou mauvais.
Le statut social permet également de comprendre les habitudes alimentaires des différentes franges d’une population. En effet, des études sociologiques ont démontré que l’obésité et le surpoids sont généralement plus fréquents chez les personnes appartenant à des catégories sociales les plus défavorisées.

La précarité comme terreau fertile de l’obésité
En 2022, L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) évaluait à 2,5 milliards le nombre de personnes en surpoids, dont 890 millions souffrant d’obésité. Et toujours selon l’OMS, la pauvreté amplifie les risques de malnutrition. Les personnes qui ont peu de moyens voire pas du tout, sont plus susceptibles d’être touchées par différentes formes de malnutrition (notamment l’obésité).
Si l’obésité touche plus de femmes que d’hommes c’est aussi qu’il incombe à celles-ci d’assurer le rôle de nourricières et d’organiser les repas de la famille. Et donc, en cas de pauvreté, leur souci premier sera de parvenir à se nourrir et à nourrir leurs familles avec des ressources réduites, sacrifiant la plupart du temps la qualité au profit des aliments bourratifs mauvais pour la santé. De plus, l’alimentation saine ayant mauvaise presse, il est dans l’imaginaire populaire, difficile de manger sain et équilibré avec des moyens limités.
Ainsi, la nourriture à la portée des familles démunies se constituent majoritairement d’aliments manufacturés bourrés d’exhausteurs de gout, d’acides gras trans et de sucre. Elle est très souvent dépourvue de micronutriments. Cette pauvreté en apports nutritionnels est bien souvent la cause d’une dénutrition cachée.
Les difficultés socio psychologiques
Et quand bien même, ces femmes ont une situation sociale confortable, elles ne sont pas pour autant à l’abri de difficultés psychologiques, mentales et émotionnelles. La femme au courant de sa vie fait face à de nombreux obstacles qui la mettent en situation de stress plus ou moins intense ou chronique :
égalité salariale ;
rivalité homme-femme en milieu professionnel ;
harcèlement au travail ;
conciliation vie de famille et travail ;
charge mentale ;
problèmes de fertilité ;
isolement social causé par le chômage ;
chômage ;
précarité ;
Bien évidemment, le stress peut être à l’origine de nombreux problèmes psychologiques notamment des troubles du comportement alimentaire (TCA) et plus particulièrement l’hyperphagie. La femme en proie à un sentiment de mal-être aura par la suite tendance à céder à une faim émotionnelle et à manger avidement de la nourriture malsaine qu’elle jugera réconfortante.

La culture entretenue de l’embonpoint
Dans certaines régions du monde (Afrique), l’embonpoint est avant tout culturel. Jusqu’à une époque très récente, les femmes en surpoids était le standard de féminité par excellence. Elles étaient dans certaines régions (Mali) gavées de lait frais et de bouillie enrichie pour devenir rondes. Ces pratiques se raréfient certes mais l’idée que les rondeurs sont synonymes de volupté a encore de beaux jours.
Par ailleurs, cet état de choses s’explique par le fait que les femmes sont cantonnées au rôle traditionnel d’épouse et de mère devant assurer la pérennisation de l’espèce indépendamment de leur niveau d’instruction et de leur statut social. De plus, l’alimentation tropicale s’illustre par des plats très variés et souvent caloriques. Et, la pratique du sport étant encore peu répandue en Afrique (chez les femmes) contrairement en Occident, la sédentarité accroît significativement les risques d’obésité.
C’est en somme l’acceptation d’un mode de vie influencé par le communautarisme, les considérations religieuses et/ ou coutumières.
La ménopause, une autre cause de l’obésité chez les femmes !
À la ménopause, la prise de poids est quasi inévitable qu’on soit mince ou enrobée. Les variations hormonales en sont la cause. Tout d’abord, le cortisol et l’insuline favorisent le développement des tissus adipeux. La croissance de ces deux hormones va augmenter avec le temps pour produire plus de graisses.
Ensuite, à la périménopause (entre 40- 45 ans), l’hypophyse stimule la croissance exacerbée d’œstrogènes. Ces dernières induiront la rétention d’eau et la croissance du tissu adipeux au niveau des cuisses et des fesses. Ces cellules de graisses évolueront à la ménopause vers le ventre et épaissiront le tour de taille.
Enfin, la production de la testostérone et des hormones de croissance responsables de la masse musculaire chutent avec l’âge. Le muscle qui brûle plus de calories est progressivement remplacé par le gras : le métabolisme ralentit. Et comme en vieillissant on est moins actifs, le poids s’installe d’autant plus vite.
La prise de poids à la ménopause est certes due aux bouleversements hormonaux que subit le corps, mais d’autres facteurs sont à considérer. Par exemple la génétique, la consommation d’alcool, la qualité du sommeil, l’alimentation car à cet âge les besoins nutritionnels de l’organisme changent et il faut réadapter ses habitudes alimentaires.
On retient…
Après cette analyse, on comprend mieux pourquoi les femmes sont plus enclines à la prise de poids par rapport aux hommes. Ce phénomène bien qu’étant naturel, est davantage lié aux raisons sociétales. Aujourd’hui ce qui change : la parole se libère, et les femmes essaient de s’affranchir des diktats d’une société qu’elles trouvent inégalitaire. Les femmes ont tout de même une grande responsabilité face aux problèmes de malnutrition. Elles doivent reprendre le pouvoir sur leur alimentation et réapprendre à s’alimenter correctement.
Sources :
· https://pmc-nlm-gov.translate.goog/articles : «L’obésité parentale modère la relation entre les traits d’appétit de l’enfance et le poids. » publié en avril2013.
· https://www.mayoclinic.org : « menopause weight gain: stop the middle age spread ». (12.03.2021)
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